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Auchan investit aussi dans l'immobilier

Vianney Mulliez dévoile la stratégie du groupe Auchan dans l'aménagement immobilier et urbain.

Rémy Dessarts , Mis à jour le
Vianney Mulliez, président d'Immochan, à Paris le 3 mai.
Vianney Mulliez, président d'Immochan, à Paris le 3 mai. © Eric Dessons/JDD

C'est la dernière ligne droite. Le 4 juin, Vianney Mulliez remettra son projet répondant à l'appel d'offres géant pour la transformation de la gare du Nord avant les Jeux olympiques de 2024. Un enjeu à plusieurs centaines de millions d'euros pour ce neveu de Gérard Mulliez, le fondateur d'Auchan. Vianney Mulliez préside Immochan, filiale du groupe nordiste de la distribution spécialisée dans les projets immobiliers et d'aménagement urbains. Diplômé de HEC, âgé de 55 ans, il a fait la plus grande partie de sa carrière dans l'entreprise familiale. Il y est entré comme directeur financier d'Auchan France avant d'être nommé patron du développement international et de succéder à Gérard Mulliez, en 2006, à la tête de "l'empire du Nord".

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La crise du modèle des hypermarchés a conduit Auchan à se réorganiser. "Début 2016, nous avons changé la gouvernance du groupe, raconte-t-il, rompant ainsi avec le mutisme traditionnel de la famille. Trois entités – le 'retail' (hypermarchés), les services financiers (Oney) et l'immobilier urbain (Immochan) – ont été créées. Chacune dispose d'une totale autonomie de management. Il fallait trois présidents, j'ai été nommé à la présidence d'Immochan, une structure fondée à l'origine au service d'Auchan, qui reste un partenaire très important. Nous voulons désormais devenir un acteur global du développement urbain."

Dans la short list finale retenue par SNCF

Avec ce nouveau job, sa vie a changé. "Président du groupe, j'avais 360.000 personnes sous ma responsabilité, explique-t-il. Chez Immochan, je pilote un peu plus de 1.000 personnes. Le temps n'est pas le même. On conduit des projets souvent engagés sur une décennie. Dans le commerce, vous prenez des décisions dont vous mesurez parfois les résultats dès le lendemain." L'appel d'offres de la gare du Nord en est la parfaite illustration. Depuis plusieurs mois, ses équipes travaillent d'arrache-pied. Avec un premier succès : Immochan fait partie de la short list finale retenue par SNCF Gares et Connexions.

"Cet appel d'offres incarne parfaitement la vision de notre projet, analyse Vianney Mulliez. Il s'inscrit dans la ville, avec des activités de coworking, des lieux culturels, des infrastrutures sportives… Cet emplacement iconique de flux sera transformé en un espace de lien entre les personnes."

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Nous voulons être un acteur de l'évolution de la ville en créant des milieux qui créent du lien

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Pourquoi cette diversification dans l'aménagement urbain? "Alors que la ville se construit autour de nos sites commerciaux, il est nécessaire de mettre en place une cohérence architecturale de flux et d'usages. D'autres acteurs s'en chargeaient autour de nous. Nous voulons être un acteur de l'évolution de la ville en créant des milieux qui créent du lien. Pour conforter cette démarche, nous allons adopter un nouveau nom le 4 juin et nous détacher de la marque Auchan."

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Depuis deux ans, Immochan multiplie donc les opérations, en France ou à l'international, par exemple en Chine, en Roumanie ou en Espagne. La plus spectaculaire : le programme EuropaCity mené avec le Chinois Wanda (1,5 milliard d'euros d'investissement chacun) à côté de l'aéroport du Bourget. Le report à 2027 de l'ouverture de la ligne 17 du métro va retarder ce projet, contesté par les écologistes. Mais il n'est pas abandonné. Dix mille emplois pourraient être créés à terme.

Près d'un milliard d'euros investis par an

"Nous voulons doubler la valeur de nos actifs en dix ans, annonce Vianney Mulliez. Nous disposons d'un parc important à côté des implantations Auchan que nous voulons transformer. Nous investissons au total près d'un milliard d'euros par an. Notre seule limite, c'est la capacité de nos équipes à mener plusieurs projets de front."

Au passage, il sait qu'il ne devra pas oublier de verser un bon dividende à ses actionnaires : les 700 représentants de la famille Mulliez (88% du capital) et les 150.000 collaborateurs qui détiennent des actions (12% du capital). Il a rendez-vous avec eux en juin. 

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